
Le mur : un manqué pour l’hôtel incontournable de Berlin ?


420 chambres dont 78 suites et 3 suites présidentielles ? Impossible de ne pas remarquer la présence d’un des hôtels les plus luxueux d’Allemagne, à deux pas de l’ancien mur de Berlin, face à la porte de Brandebourg : l’Hôtel Adlon. Notre équipe de journalistes est allée à la rencontre du concierge de l’hôtel, Martin Werner et Sabina C. Held, Director Public Relations de l'Hôtel Adlon.
Une bâtisse chargée d’histoire
Construit en 1907, l’hôtel Adlon était l’endroit où la bonne société pouvait résider. Deux guerres mondiales s’en suivent, l’établissement devient alors un hôpital et brûle en 1945. La légende raconte que les soviétiques y ont mis le feu durant l’une de leur soirée. Une reconstruction s’en suit dans les années 1960, mais la guerre froide pousse à laisser le lieu abandonné. Alors situé en Allemagne de l’Est, il n’est pas envisageable pour les communistes de construire un hôtel si proche du mur et encore moins pour une clientèle 5 étoiles. C’est alors qu’en 1984, l’hôtel est détruit.
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En 1989, le mur de Berlin s’écroule et laisse place à la réunification de la ville. La volonté d’avoir de nouveau un hôtel de luxe dans la capitale donne un nouveau souffle à l’hôtel Adlon. Depuis sa réouverture en 1997, il semble même occuper le statut d’hôtel le plus prestigieux d’Allemagne : “Vous savez ici on reçoit des chefs d’Etat, des rois, des politiques, des célébrités, des artistes, et même Michael Jackson", cite Martin Werner.
Un emplacement propice
Un site internet, une page Facebook, une page Instagram, un dossier de presse, une présence sur les plateformes de réservations telles que Booking ou Tripadvisor : de nombreux canaux de communication, mais un mur de Berlin totalement absent. Aucune référence ni allusion au mur et à l’histoire de la ville n’est mentionnée : plutôt étonnant pour un établissement aussi proche des traces du célèbre mur. Même la rubrique “History of the legendary Hotel Adlon” du dossier de presse de l’établissement semble avoir totalement oublié toutes ces années de Guerre Froide.
Une simple description de l’ancien tracé du mur depuis la fenêtre de la chambre durant une visite suffit à l’hôtel : le regard vers la porte de Brandebourg, le réceptionniste ne manque pas de rappeler la triste histoire de la ville de Berlin. Des recommandations de visites touristiques autour de la Guerre Froide sont aussi faites à la réception, lorsque les clients ou les invités éprouvent de l’intérêt pour voir le mur ou s'immerger dans cette période.
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Depuis sa reconstruction en 1997, la communication sur l’identité du mur s’essouffle pour laisser place au luxe. “Aujourd'hui, 32 ans après la chute du mur, les deux parties de la ville sont réunies et le mur n'est présent qu'à des endroits précis” dit Sabina C. Held, Director Public Relations de l'Hôtel Adlon.
Oublier pour mieux briller
“Notre clientèle est internationale et aime aussi les bonnes choses" confie Martin Werner en présentant les 3 restaurants situés de part et d’autre de l’hôtel. L’Adlon s’identifie aux plus grands palaces parisiens et cherche à séduire sa clientèle avec une image de luxe. Selon lui, incompatible avec l’histoire de l’Allemagne, l’établissement choisit de tirer un trait sur ce passé douloureux. Le pays divisé ne reflète pas une image positive. Le mur semble se suffir à lui-même et la clientèle 5 étoiles n’est pas véritablement demandeuse, c’est donc pourquoi l’hôtel préfère axer sa communication sur ses prestations luxueuses.
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“Le mur a certainement été une force de vente dans les premières années après sa réouverture, et il l'est toujours pour de nombreux invités internationaux. Mais l'Allemagne réunifiée et Berlin ont été tellement mises en avant dans le monde, que la ville est rapidement devenue l'une des capitales les plus visitées d'Europe. L'intérêt est toujours aussi grand, mais ce n'est pas à cause de l'ancien mur que les touristes viennent, mais pour la variété, la culture, la scène culinaire ou la vie nocturne de la ville” dit Sabina C. Held.
Écrit par Clémence Louasil & Camille Launay




